Herbes médicinales chinoises

La nomination des herbes médicinales chinoises

La nomination des herbes médicinales chinoises se fait selon des nombreux critères (10), elle est faite selon les règles de la nomenclature établie. Ainsi les noms pharmaceutiques chinois des préparations issues de plantes médicinales sont nommés en fonction :

– des caractéristiques de croissance,
– de leur morphologie,
– de leur couleur,
– de leur l’odeur et saveur,
– de leur l’habitat et lieu de production.

Dans l’histoire de la MTC, il y a eu différentes tentatives de classements des herbes chinoises, mais aucune n’était vraiment adaptée. Il a fallu attendre l’émergence des parutions modernes de la matière médicale pour classer les herbes chinoises en fonction de leurs actions spécifiques.

Ainsi on retient 20 catégories herbes médicinales chinoises :

– Les herbes médicinales pour soulager les syndromes externes.

Ces herbes sont utilisées pour disperser les facteurs pathogènes externes qui affectent la superficie du corps (froid, chaleur, humidité, vent, sécheresse ou encore certain germes ou virus de l’environnement) et dont les signes cliniques sont l’aversion au froid, la fièvre, le mal de tête, les courbatures, la transpiration, etc., divisées en deux catégories :

– Saveur âcre et de nature chaude : clinique liée au vent et le froid, marquée par l’aversion au froid, la fièvre, la céphalée, l’absence de transpiration, les courbatures, l’enduit de la langue fin et blanc, le pouls flottant et serré ;

– Saveur âcre et de nature froide : chasse le vent-chaleur pathogène.
Clinique marquée par la fièvre, une faible aversion au froid, la bouche sèche, la soif, l’enduit de la langue fin et jaune, le pouls flottant et rapide.

– Les herbes qui clarifient la chaleur (antipyrétiques). Elles soulagent la chaleur causée par la transmission des facteurs pathogènes de l’extérieur vers l’intérieur, ou encore par la genèse du « feu du foie » due à la déficience du yin : syndromes marqués par la fièvre, la langue rouge et le pouls rapide. Ces herbes sont de nature fraîche ou froide, et sont le plus souvent de nature amère et en fonction de leurs applications cliniques, elles sont classées en cinq catégories.

– Les herbes médicinales pour la purgation. Action lubrifiante ou activant le péristaltisme intestinal, elles traitent la constipation, l’accumulation d’une chaleur excessive dans les organes, et la rétention des liquides ou fluides de l’organisme.

Ces herbes sont elles-mêmes classées en trois catégories :

– Les herbes médicinales pour dissiper le vent et l’humidité (anti-arthrosiques).
Ces herbes soulagent les douleurs articulaires et musculaires causées par le « ventfroid-humide ». Ces herbes sont elles même classées en trois catégories.

– Les herbes médicinales aromatiques pour drainer l’humidité (antioedémateuses).
De nature fragrante, chaude et sèche, et attribuées aux méridiens de la rate et de l’estomac. Dissolvent l’humidité en renforçant la rate. Signes cliniques : distension abdominale, nausées, vomissements, inappétence etc.

– Les herbes médicinales qui favorisent la diurèse et expulsent l’humidité pathogène (diurétiques). Elles favorisent la « voie de l’eau » et donc font circuler l’eau et l’humidité dans l’organisme en cas de dysurie, d’œdème, cystite, diarrhée, etc.

Ces herbes sont elles-mêmes classées en trois catégories :

– Les herbes médicinales pour réchauffer l’intérieur de l’organisme. Indiquées dans les syndromes de « froid interne » la plupart sont de saveur acide et amère, de nature chaude ou tiède. En réchauffant la rate et l’estomac, elles distribuent le Qi dans les méridiens et les vaisseaux sanguins pour soigner les douleurs abdominales, le manque d’appétit, aversion au froid etc.

– Les herbes qui régulent le Qi. La plupart sont aromatiques, de nature chaude, de saveur âcre et amère. La régulation du Qi permet de soulager la flatulence, le hoquet, l’asthme et l’oppression thoracique qui sont caractéristiques de la stagnation du Qi.

– Les herbes médicinales qui activent la digestion : renforcement de la rate et de l’estomac pour traiter l’indigestion se manifestant par la distension abdominale, éructations, régurgitations acides, nausées et vomissements.

– Les herbes médicinales antihelminthiques.

– Les herbes médicinales hémostatiques réparties en quatre classes.

– Les herbes médicinales qui activent la circulation sanguine et évacuent la stase du sang (réparties en quatre classes) : en activant la circulation sanguine, elles favorisent la réparation des tissus lésées.

– Les herbes médicinales qui dissolvent les glaires, calment la toux et l’asthme.

– Les herbes médicinales sédatives.

– Les herbes médicinales pour calmer le foie et supprimer le vent interne spasmodiques et anti-convulsivantes).

Ces herbes soignent les vertiges, convulsions, syncope, et d’autres troubles neurologiques.

– Les herbes médicinales qui raniment la conscience. De saveur âcre et aromatique, elles possèdent les propriétés d’éveiller les sens et de restaurer la conscience. Traitant le plus souvent de la perte de conscience et du delirium dus à un état fébrile avancé.

– Les herbes médicinales tonifiantes, capables de tonifier l’énergie vitale au sens large (Qi) et de développer les fonctions des organes et des viscères. Rôle de renforcement dans les maladies épuisantes. Elles sont réparties en quatre catégories selon si elle renforce le Qi, le Yang, le Ying ou le sang.

– Les herbes médicinales astringentes. Utilisées le plus souvent pour des maladies chroniques qui altèrent l’état général du patient. La plupart ont une saveur acide et astringente et de nature chaude ou neutre, elles renforcent et préservent le sang et le Qi.

– Les herbes médicinales émétiques. Indiquées en cas d’empoisonnement par voie digestive et parfois pour en cas d’épilepsie ou de psychose maniaco-dépressive.

De saveur amère et acide, leurs actions puissantes donnent lieu à des effets indésirables type douleurs abdominales, dyspepsie et dyspnée. Ces herbes sont souvent toxiques et leurs prescriptions relèvent d’une grande prudence (doivent prescrite lorsque l’énergie vitale est suffisante).

– Les herbes médicinales pour les applications externes et locales.

Ce type de classement va dans une logique de clinicien et permet d’enseigner la MTC de façon plus moderne. On peut remarquer que certaines plantes peuvent appartenir à plusieurs catégories.

Source : Plantes médicinales chinoises introduites dans la pharmacopée française par Xiao Fan Song (HAL Id: dumas-01044517 publié le 23 Juillet 2014)